mémoire

« … Et mon tout fait des souvenirs »

La mémoire est complexe. La recherche en neuroscience nous en apprend régulièrement sur ce sujet qui me captive. La mémoire se voit parfois influencée par nos sentiments, par nos émotions. Chez certaines personnes, cette mémoire émotionnelle est vivace. presque indélébile. C’est par cette source émotionnelle très forte que je peux revivre un trajet effectué il y a plus de 10 ans sous un ciel bleu ensoleillé. Un baladeur MP3 aux oreilles (oui c’était une autre époque), j’allais à la rencontre d’une veille passion qui enflammait mon quotidien. Ce n’était pas mon petit ami. Nous nous livrions sur tous nos sentiments et même sur le désir qui naissait en nous suite à ces confidences. L’on peut parler de mes débuts en dehors du schéma traditionnel.

The Reason du groupe Hoobastank, tube pop rock, tournait en boucle le long du trajet. Plus la musique s’emballait plus mon cœur bondissait vers la gare où devait descendre mon ami.

Je me saisis de ma plume pour soigneusement former les lettres, les mots, les phrases, les pensées, les envies, l’affection que je souhaite lui transmettre. Plus que tout, je suis excitée, transportée lorsqu’au courrier je vois mon prénom écrit par ses soins sur l’enveloppe. Quel été je venais de passer… Ces yeux d’une profondeur envoûtante, ce sourire charmeur, moqueur, à croquer lui confèrent un pouvoir de séduction disproportionné pour son âge. Nous nous cherchons du regards, du bout des lèvres par nos moqueries, du bout des doigts par nos taquineries.

La rentrée suivant cette rencontre féerique, le slow de notre été faisait partie de la sélection pour la représentation du gala de danse annuel. Toutes les semaines, la sensation de ses mains sur mon corps m’accompagnait. Et cette année nous gagnions en niveau, en puissance. Restituer la chorégraphie de façon synchronisée ne suffisait plus : il nous fallait l’interpréter. Still loving you de Scorpions. Morceau très doux aux paroles traduisant une grande souffrance emprunte d’un torrent d’espoir.

La première fois que je sens tant de délicatesse, de respect et de désir dans une étreinte. Ma première nuit blanche. Nuit à parler, des heures pour ne se rapprocher peu de temps avant le lever du soleil, priant pour que le temps s’arrête sous ces caresses. Puis, ces mois de silences où je ne compte plus mes larmes, où pour tenir j’écris, j’écris, j’écris…

Et tout ce que j’ai pu écrire à l’époque, je l’ai teinté à l’ancre de ses yeux.

J’écris jusqu’au jour où le téléphone sonne. J’écris jusqu’à ce moment où je reconnais sa voix au but du fil et ai besoin de m’asseoir pour continuer à l’entendre.

Je souris naïvement en effectuant ce chemin pour tenter de retrouver toutes ces sensations. Tant d’émotions se bousculent en moi. Je cours. Je cours mais ne le vois pas. Je monte les marches donnant sur l’avant de la gare, sur les quais, personne. Anéantie au plus profond de moi je repars en bouclant par les parkings.

Dernier couplet avant le refrain. Mon cœur sort de ma poitrine.

« That I just want you to know »

Le voilà.

« Mais toutes les chansons racontent la même histoire… »

Chaleureusement vôtre,

Edel

 

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