louise

Aujourd’hui c’est un jour comme les autres. Le cadran sonne à 6h00 AM, je prends ma douche, déjeune et je me rends au boulot. Cette journée est interminable, elle déborde jusqu’à après l’heure du souper. Je n’ai pas super faim donc je décide de faire un arrêt au gym question de m’activer un peu pour me défouler de ma journée sans relâche. Mon entraînement ne dure que 30 mins et je retourne aux douches. Sur le chemin du retour, je m’arrête à la boulangerie du coin et j’engloutis un sandwich aux légumes rôtis avec de la mozzarella fraîche et du basilic. J’adore le basilic. Repu, je poursuis mon chemin dans mon quartier en passant devant l’Escale, mon bar de quartier préféré. La fatigue de la journée ne m’envahit toujours pas, alors je vais être obligé d’arrêter prendre un verre, le marchand de sable va devoir attendre…

L’Escale peut recevoir une quarantaine de clients assis. Il est situé dans le sous-sol d’un vieux bâtiment abritant une banque datant du 18e siècle. La voûte sert maintenant de salle de bain mixte. Les barreaux verticaux séparent les lavabos du reste et on y prend un malin plaisir à se soulager dans les fûts qui furent, jadis des coffrets bancaires. Cette métaphore avec l’argent me plait beaucoup. En franchissant les portes d’entrée, on est entouré d’immenses rideaux de velours noirs. Le son est sourd et le froid est contenu dans le vestibule. Une fois la porte refermée on peut pénétrer au travers des rideaux dans l’antre de l’Escale. En entrant on est accueilli par un des côtés du bar qui longent l’espace. L’immense zinc en bois massif poli au fil des milliers de verres servis dégage une hospitalité éternelle. Seb le barman est en train de brasser deux cocktails et me salue de sa voix contente de me revoir.

À mon arrivé, ma place habituelle au bout du bar est encore disponible. Je ne suis pas certain si Seb empêche les autres clients de s’y assoir, mais j’aime bien avoir « ma » place dans cet endroit.

La soirée bat son plein, la totalité des tables sont prises de patrons. La majorité des sièges sont des canapés et des divans avec des tables basses. Les murs de l’Escales exhibent les pierres de la fondation et les poutres de bois. Des objets antiques provenant des quatre coins de la planète arborent habilement les espaces libres des murs. Tous ces objets proviennent des périples de voyage à Seb du temps ou il était chef de cuisine sur un voilier. Une multitude de style musical s’enchaîne comme une trame de fond pour ambiancer l’endroit. L’éclairage tamisé est parfaitement balancé pour voir tous les visages des gens. Je me sens bien dans cet endroit.

Parlant de voir les visages, je remarque une jolie demoiselle qui prend place deux sièges plus loin. Je lui fais un sourire et elle me répond d’un « Bonsoir! ». Elle a un accent français. Elle rétorque aussitôt que le siège à ses côtés est libre et m’invite à y prendre place. Si gentiment proposé, je ne peux décliner l’offre et je m’assois à ses côtés. Elle finit de boire un cosmo quelconque. Seb se présente chiffon à la main en essuyant le zinc devant moi et me demande si je bois comme d’habitude. Comme d’habitude je bois un Old Fashion fait avec un scotch fumé. J’aime le fumé. La jeune femme intercepte Seb et lui commande le même cocktail que moi. Ce dernier acquiesce la commande de la jeune femme d’un sourire et me fait un clin d’œil. Requête complétée elle me tend la main en se présentant, elle se nomme Louise. Je lui rends la pareille et nous entamons une conversation des plus intéressante que j’ai entrepris depuis longtemps. Ma journée interminable n’existe soudainement plus. Elle a un regard authentique et prudent, je la sens sélective même si son ouverture en suggère autrement. Elle est élégante dans son authenticité. Toutes nos préférences musicales, projets de voyages et nos goûts gastronomiques semblent être en parallèle, c’est digne d’un hasard inouï. Les Old Fashion s’enfilent et très vite nous atteignons notre limite temporelle de consommation d’alcool. Le temps a glissé dans le passé à une vitesse agréable avec elle. Je lui avoue que j’aurais bien envie de l’embrasser, elle me répond qu’elle ne haïrait pas ça. Nos lèvres s’échangent un long baiser langoureux et les effluves de nos cocktails fumés se sont enlacés. Elle me propose de m’accompagner chez moi, si gentiment proposé, je ne peux décliner l’offre.

Louise et moi quittons les conforts de l’Escale pour le 104 rue Fleury, mon appartement situé au rez-de-chaussée. Le trajet parcouru fut court et le temps semble s’arrêter lorsque je referme la porte de mon appartement. À peine entré encore dans la pénombre, nos mains se sont enlacées dans une chorégraphie à dévêtir chacune de nos parties corporelles. Nos respirations s’intensifient aux rythmes de nos caresses. Je sens ses mains me tirer contre son corps, mes lèvres en veulent de plus en plus. Le désir ne nous permit que d’atteindre le divan du salon éclairé seulement par les lampadaires extérieurs au travers de la fenêtre. Je peux voir sa peau douce qui trace ses courbes dans tous les tons de gris que cet éclairage créé. Tout mon être a envie de valser avec ses courbes. Ce sont mes mains qui débutent la danse en déposant Louise sur divan, son ventre arqué vers la lune. Mes mains synchronisées parcourent de sa nuque à son abdomen jusqu’à ses hanches, mes doigts écartés de façon à couvrir le plus de surface possible. Je sens sa chaleur et sa chaire se raffermir au contact de mes paumes lourdes.

La suite se déroula comme un feu de brousse, s’intensifiant à chaque moment passé. Les jambes de Louise m’entourent et j’ai envie d’y être pour l’embrasser, sur les lèvres et pour savourer sa poitrine. Instinctivement ma bouche descend sur son ventre, douce vallée vers son mont de Vénus. Ses jambes se desserrent et son bassin se relèvent pour m’accueillir, j’y plonge tendrement la tête. Le doux son de sa voix de satisfaction m’invite à m’y perdre, je lui donne ma bouche un baiser à la fois. L’odeur de son musc m’enivre tel un enchantement, je n’y peux rien, je ne contrôle plus mon corps. Ses mains empoignent mes cheveux et je pénètre plus profondément ma langue au rythme de ses gémissements de plaisir. Ma main gauche vient rejoindre les caresses de mes lèvres et ma main droite remonte ses jambes dans un mouvement fluide et continu. Présentant le bout de mes doigts à l’entrée de son sexe, Louise me regarde ardemment dans les yeux, jumelé à son prochaine expiration deux de mes doigts s’insèrent en elle. Elle gémit en serrant ses mains derrière ma tête, je remonte pour l’embrasser dans son cou et sur sa bouche. Parcourant ses parois internes supérieures, elle me mordille les lèvres en me serrant contre elle. J’accélère. Ses yeux se referment et sa tête balance vers l’arrière, tout son corps se donne à nos mouvements et mes caresses suivent son rythme. Soudainement, elle remonte la tête, les yeux fixés dans mon regard, je sens son corps se crisper, j’appuie plus fort et dans un grand soupir Louise gémit d’extase.

Durant ce moment d’accalmie, je la serre dans mes bras et elle m’embrasse passionnément. Mon désir n’étant pas éteint, Louise me prends dans ses mains et constate la fermeté de la situation. Elle me repousse sur mes pieds et se retourne les fesses cabrées laissant apercevoir toutes ses courbes dans la pénombre de la pièce. Retournant les yeux vers les miens, elle m’invite, en usant de son accent français, à la prendre immédiatement. Ne contrôlant plus mon désir pour elle, je m’insère en elle, en lui caressant le bas du dos. Rien au monde n’est plus satisfaisant pour nous deux que ce moment d’union, elle, moi, nous, un. On tangue aux rythmes de nos instincts, s’apportant à chaque poussée une satisfaction férale qui culmine. La montée a perdu le sens du temps, nos mains se croisent en se serrant. Ma main perdue dans ses cheveux lui soutire un gémissement additionnel. Naturellement, ma main se resserre sur ses cheveux et son corps se cabre davantage. Cet échange de désir charnel pousse mon excitation au-delà de ma limite, je ne peux plus me contenir. Tout mon corps veut jaillir d’extase en elle et elle le ressent. Nos gémissements se sont synchronisés une dernière fois et nos deux corps raides un contre l’autre s’échangent un orgasme, aussi satisfaisant qu’intense.

Nous sommes restés un bon moment collés l’un contre l’autre dans un éclairage nocturne où les ombrages dansent au gré des passants dans la rue. Louise passe ses doigts dans mes cheveux la tête accotée sur mon thorax, d’une voix apaisée elle me chuchote qu’elle se sent bien avec moi. Caressant ses bras du bout de mes doigts, je lui réponds que curieusement je partage son sentiment de bien-être. En disant ces mots, mon esprit tourbillonne des échos de ma soirée avec elle; l’Escale, les gens, la musique, elle assise seule au bar, l’ambiance, le scotch, le baiser, la porte qui se referme, le divan dans la pénombre, le bruit de nos respirations, mes mains sur ses courbes, son goût, moi en elle, le son de sa voix, son regard d’envie fixé dans le mien. Le fil de mes pensées s’interrompt avec la voix de Louise qui me dit qu’elle est mariée, que c’est la première fois qu’elle découche ainsi. Elle me dit qu’elle ne se sent pas mal, qu’elle a ressenti des choses qui étaient enfouies en elle depuis trop longtemps. Je suis bouleversé.

C’est certain qu’en connaissance de la situation matrimoniale de Louise je n’aurai jamais osé avoir un impact sur une relation qui n’est pas la mienne. Ce n’est pas et ne sera jamais dans mes intentions. Mais je partage exactement les mêmes sentiments que Louise envers elle et cela me fait beaucoup de bien aussi. J’ai vécu une complicité inégalée physiquement et psychologiquement avec elle et j’ai tout aimé. J’ai soif de lui faire plaisir encore, j’ai envie d’être le meilleur pour elle, meilleur que l’autre. Mon regard plonge dans celui de Louise et je comprends que cette liaison pourrait devenir compliquée, mais le futur ne m’intéresse pas ce soir. Je veux vivre le moment présent avec elle, en entier. Je m’incline la tête pour rencontrer ses lèvres et l’embrasser passionnément, elle se laisse faire. Nos corps s’emportent et Louise enjambe mon bassin pour me chevaucher. Je n’ai aucune envie que cela s’arrête et je crois qu’elle non plus…

Par Oswaldo Guerrera, membre Gleeden.

 

À lire également : L’infidélité est-elle un concept humain ?