Témoignage

 

La première fois où je me suis sentie libre, libérée et épanouie j’étais à peine majeure. Je prenais le train afin de retrouver cet ami tant chéri dans sa chambre universitaire. Des moments savoureux, intenses, entre deux êtres qui se portent mutuellement beaucoup d’affection. Le reste du temps ? Je vivais, sans rendre de compte à quiconque. Rapidement je dissociais fidélité de loyauté. Je n’ai toujours aimé qu’une âme à la fois. Cela n’enlevait en rien l’envie de séduire d’autres personnalités, de désirer d’autres corps et d’être désirée à mon tour.

Et ce corps ? Parlons-en de ce corps censé m’appartenir à moi et à moi seule. Sous quel prétexte devrais-je le laisser entre les mains d’un seul individu ? Je me questionne souvent sur l’injonction à l’exclusivité tant sexuelle qu’affective. Est-ce que mon compagnon peut réellement m’apporter tout ce dont j’ai besoin ? Suis-je en droit d’en exiger autant de lui ? Dois-je me mettre tant de pression pour répondre à toutes ses attentes ? 

Sur ces constats j’ai le plaisir de partager ma vie avec un compagnon qui me laisse rencontrer d’autres personnes et inversement. Est-ce que cela fonctionne ? J’ai envie de répondre « oui » : nous avons dépassé avec succès le stade des cinq ans de « couple » sous cette gouvernance (et j’espère secrètement que cela durera encore longtemps).

Gleeden est principalement composé d’hommes accompagnés dans leur vie intime et affective. Au delà du fait que, s’il ne passe pas ces moments de « débauche » avec moi, se sera avec une autre (alors autant en profiter) si l’on s’attarde sur le nombre de profils ici j’en viens à me demander qui aujourd’hui reste fidèle ? Qui espère encore une fidélité jusqu’à ce que la mort nous sépare ? Quel sens cela a ? J’ai rencontré beaucoup (je ne donnerais pas de chiffre, se serait limite indécent) de personnes qui, grâce à ces adultères rentrent plus sereines à la maison, mettent moins de pression à leur moitié, prennent du recul sur leur situation et voient leur couple s’embellir là où les bourgeons avaient cessé d’éclore.

Le mythe de l’exclusivité, sexuelle et affective, avec pour l’injonction « si tu es bien avec moi t’as pas besoin de voir ailleurs » peut culpabiliser et abîmer l’individu prenant conscience que l’autre n’est pas parfait, et n’a pas à y tendre. Ne croyez pas que tous ces quidams s’éloignent de leur moitié avec enthousiasme. Il y a les infidèles compulsifs, les curieux qui veulent voir « autre chose », ceux qui suffoquent et prient pour ne jamais faire de mal à l’être aimé…

Par conséquent, je continuerai à faire ce que j’entends de mon corps tant que cette attitude ne nuira pas à autrui.

Chaleureusement,

Edel’

 

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