Prologue : « Ce soir, on sort, tu as 30 minutes pour te préparer, tes vêtements sont sur le lit »

Il fait très doux ce soir, la journée a été chaude et je ne suis pas mécontente d’avoir pris cette douche fraîche, je me sens bien et détendue, tout à fait disposée à laisser cette soirée impromptue me surprendre… Assise près de toi, ta main posée sur ma cuisse dont je sens la chaleur, les vitres ouvertes laissent entrer une brise qui s’insinue sous le chemisier que tu as choisi et vient caresser la pointe de mes seins libres, et j’aime cette agréable caresse aérienne dont l’intensité varie lorsque tu appuies sur l’accélérateur. Je te soupçonne même d’en jouer… Nous parlons de tout et de rien. Même si tu t’attendais sans doute à une certaine curiosité de ma part, je ne te pose aucune question sur notre destination. J’aime le sourire qui se dessine sur ton visage, ta main sur moi, et je la connais bien cette main qui sait se faire douce ou ferme selon les circonstances ou ton bon vouloir, qui sait punir mais aussi récompenser… Tu me regardes de tes yeux gourmands, alors je te regarde de mes yeux espiègles tout en remontant ma jupe sur mes cuisses pour laisser apparaître le haut de mes jarretelles, j’écarte les jambes et je pose très lentement – mais avec délicatesse – mes hauts talons sur le tableau de bord, mes yeux ne te quittent pas.

Je guide ta main vers la chaleur et la moiteur de mes cuisses et j’attends avec gourmandise que tes doigts viennent vérifier dans quel état d’émotion je suis depuis que nous avons quitté la chambre… Tes doigts habiles et curieux ne rencontrent aucun obstacle et glissent en moi doucement, accompagnant mes soupirs d’aise. Ma tête se renverse en arrière pendant que tes caresses deviennent plus actives, le ciel est bardé d’étoiles et j’adore ce moment… La route défile, je la reconnais, elle file droit sur le littoral. J’aimerais que cela continue encore, j’aime cette sensation d’être emportée, transportée, où tu l’as décidé. Je ne dis rien, mais où m’emmènes-tu ?

J’ai les yeux fermés depuis un moment. Je sens que tu ralentis, pour finir par t’immobiliser. L’air est reconnaissable, légèrement iodé et j’entends le doux clapotis des vagues, régulier, entêtant, comme un lent va et vient d’ondes infinies.

Je sens ta main qui caresse ma joue, délicatement, comme pour me réveiller de ma douce torpeur, je consens à ouvrir les yeux. Nous sommes bien sûr au bord de la mer, dans ce qui me semble être une grande crique. Plusieurs voitures sont alignées à côté de la nôtre. Un chemin en lattes de bois est dessiné par des hautes lampes torches et nous invite à le suivre. Tu me précèdes et tiens ma main fermement, au cas où mes chevilles perchées vacillent. Nous marchons quelques minutes et au détour d’un virage apparaît une spectaculaire maison d’architecte, avec d’immenses baies vitrées donnant sur la mer, une terrasse discrètement illuminée par des braseros disposés çà et là, une musique jazzy, quelques personnes sont déjà installées à l’extérieur, le champagne semble être l’unique breuvage disponible. Je vois à travers les larges vitres des toiles exposées sur des murs blancs immaculés et des sculptures disposées un peu partout dans une pièce qui doit faire à elle seule la totalité de mon appartement. Je ne peux en ignorer le point commun, elles représentent toutes une femme nue, son corps ou quelques parties, mais sans visage. Un corps particulièrement voluptueux et sensuel qui me plaît beaucoup, je brûle de curiosité de savoir qui en est l’auteur et qui est la muse objet de cette adoration exclusive.

Un homme vient à nous, que tu connais visiblement, grand, fin, la soixantaine je pense, vêtu d’un costume noir très chic, avec un léger accent anglophone. Tu me présentes, je capte immédiatement que ses yeux vifs apprécient ce qu’il voit devant lui, il détaille sans aucune gêne ma silhouette généreuse, en s’attardant sur mes seins qu’il peut aisément distinguer à travers le fin tissu de mon chemisier et mes hanches soulignées par l’étroite jupe courte que tu me fais porter. Je ne cherche pas à détourner le regard, ta main toujours dans la mienne.. Il nous invite à entrer, nous tend une coupe, je comprends qu’il est le propriétaire des lieux. Il me propose une visite guidée de cette exposition privée, je t’interroge du regard et attends ton accord, qui ne tarde pas. Je ne prête guère attention aux autres invités qui déambulent comme au musée, je remarque juste que ce ne sont que des couples.

Il se lance dans un historique méthodique de chaque œuvre qu’il a acquise au même artiste. Il pose parfois sa main sur mes reins pour m’inviter à voir la suivante, je me retourne pour te chercher des yeux, tu n’es pas loin, tu nous observes, je le sais. Tu as ce petit sourire que je connais bien… Et moi je l’aime ce sourire, il est pour moi et moi seule un indicateur de ta disposition à jouer ce soir… Ce parcours initiatique est ponctué de plusieurs coupes de champagne, et au fur et à mesure de notre progression, la main de notre hôte devient un peu plus appuyée, tantôt sur mes reins, tantôt sur mes épaules, il se penche parfois vers mon oreille, comme s’il me confiait l’un des secrets de l’artiste (qui d’ailleurs n’a signé aucune des œuvres) et profite ainsi d’une vue particulièrement agréable sur mon décolleté. Tu es adossé à une baie vitrée, écoutant à la fois le jazz qui s’échappe d’enceintes invisibles et le léger brouhaha des conversations sur la terrasse. Jamais tu ne m’as quitté des yeux. Tu es toujours présent, je ne suis pas inquiète. Je sens des bouffées de chaleur envahir tout mon corps, notre hôte est décidément charmant et très drôle, il me frôle à chaque instant et je suis une élève attentive à toutes ses explications, je me penche parfois pour observer un détail d’une œuvre, offrant ainsi à qui veut une ouverture délicieuse sur ma plantureuse poitrine ou sur la rondeur de mes fesses, superbement moulées je dois dire. Cela ne laisse pas indifférent mon interlocuteur – qui tout en continuant sa présentation, n’en perd pas une miette, sa langue venant parfois humecter ses lèvres fines d’un air gourmand – sans oublier les visiteurs masculins présents dans la pièce. Toi tu observes tout ce petit manège, je sens ton désir, fort, intense, bien que tu sois à plusieurs mètres de nous, cette faible distance n’est que physique mais elle est très excitante, je me sens devenir moite sous ton regard, je serre mes mains dans mon dos, je garde les jambes croisées, tout en écoutant le mieux du monde les dernières indications de notre guide. Notre hôte s’est tu, semblant attendre de moi quelque chose. J’ai très envie de voir la vue de l’étage supérieur et je commence par ailleurs à avoir bien trop chaud ici. J’ose lui demander de me faire visiter la partie privée de son habitation et le suit en haut d’un escalier en colimaçon. Tu t’avances à l’intérieur de la pièce et m’observes monter derrière lui, en te plaçant légèrement dessous. Tu souris toujours. Je prends mon temps dans cette progression vers le haut et à chaque marche offre à ta vue ce que toi seul sait être accessible. J’aime la sensation de ne rien porter, le frottement du tissu sur ma peau, l’air que je sens circuler librement, me savoir nue au milieu de tout ce monde est délicieux. Je te suis des yeux avec un petit sourire moqueur, jusqu’en haut.

Une autre terrasse surplombe la mer, la vue est encore plus extraordinaire de cette hauteur, il y a des fauteuils et des banquettes, et un grand jacuzzi bleuté qui bouillonne, auréolé de vapeur. La brise y est particulièrement bienvenue car mon corps est chaud d’alcool et d’excitation exacerbée par tes caresses dans la voiture et le désir que j’ai vu dans tes yeux. Je m’accoude, aucune pollution lumineuse en ce lieu isolé, le ciel est d’une telle clarté que j’arrive à distinguer la voie lactée. Je perçois le ressac plus bas et les invités sur la plateforme du rez-de-chaussée. La musique est toujours perceptible. Je reste ainsi quelques minutes. Je me retourne dos à la mer et pose mes coudes sur la rambarde. Cette position place mon corps de telle manière qu’elle fait pointer insolemment mes seins et tend le tissu de mon chemisier. A ce moment-là, je t’aperçois en haut des marches, dans la pénombre. Je m’adresse alors à notre hôte qui s’est assis sur le bord du jacuzzi et qui me regarde sans dire un mot.

« La vue est particulièrement jolie d’ici, vous ne trouvez pas ? » dis-je négligemment…

« Elle est tout à fait à ma convenance je dois dire » dit-il d’une voix sourde en s’avançant vers moi. Il se place en face de moi et pose un doigt sur ma bouche, le fait glisser lentement sur mon menton, puis sur mon cou et ma gorge, descend jusqu’à l’échancrure de mon chemisier et écarte le tissu. Je ne bouge pas et te regarde intensément par-dessus son épaule. Je sens qu’il pince l’un de mes tétons entre deux doigts, cela m’arrache un petit gémissement, de son autre main il caresse ma cuisse et remonte lentement jusqu’au bas de ma jupe. Mon souffle s’accélère, mes yeux sont accrochés aux tiens. Il s’agenouille et de ses deux mains attrape les bords de ma jupe qu’il relève adroitement sur mes hanches, dévoilant les jarretelles mais juste à la limite de mon pubis, de telle sorte qu’on pourrait croire que je porte une culotte, peut-être… Ses deux mains remontent doucement de mes talons jusqu’à mes mollets, mes genoux, puis mes cuisses nerveuses, caressant la dentelle noire fine et élégante, les attaches et leurs petits nœuds de satin, puis ses doigts se glissent sous le tissu de ma jupe. Il relève la tête et je vois à son regard de loup qu’il a compris que je ne portais rien d’autre. Je pose mes mains sur sa tête et et écarte les jambes. Je sens son nez frotter contre mon sexe nu, il me sent, me hume comme une chatte en chaleur. Je me sens très humide, et pourtant, à cet instant, ce n’est pas à cause de cet homme à mes pieds.

Par Lazy, gagnante du concours d’écriture 2019

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