récit désir

Le but premier du désir serait de réduire une tension résultant d’un sentiment, d’une sensation de manque, autrement dit « on ne désir[erait] que ce dont on manque » (Le Banquet, Platon). En grands hédonistes que nous sommes, toute source potentielle de satisfaction nous encourage à courir après cet objet de désir afin de combler un manque dans sa globalité ou pour partie. Dans le désir de l’autre, le manque ne serait plus alors que la simple absence de relation (affective ou sexuelle) mais la non possession de cet autre qui nous bouleverse émotionnellement, sensoriellement, sensuellement. Je le/la désire renvoie alors au « je te veux ».

Gare au désir débouchant sur une forme d’insatisfaction, de souffrance ou de frustration. Vos pairs vous seront éternellement reconnaissants de vous recentrer sur votre désir et les causes de sa non satisfaction avant de déverser votre frustration sur le/la premier.e venu.e. Par ailleurs, votre désir n’est pas un besoin au sens strict (si l’on s’en réfère à la Pyramide des besoins). Il n’y a donc aucune raison – vraiment, ne cherchez pas, il n’y a strictement aucune raison – de contraindre quelqu’un à répondre à son désir.

Une fois le désir identifié, nous sommes fort ingénieux. Pléiade de techniques, d’astuces, de méthodes s’offrent à nous pour l’assouvir. Et plus la préparation est longue, élaborée, fantasmée, plus la réalisation du désir peut s’avérer puissante et riche en sensation !

Plaire, séduire, faire tourner la tête… être désiré.e, être envoûtant.e, frissonner, tant d’enjeux permettant de maîtriser l’objet de notre désir ou d’être la résultante de celui d’autrui. En toute franchise, je ne saurais dire ce qui demeure le plus excitant, le plus fort ou le plus épanouissant pour moi entre désirer ou être désirée par quelqu’un de désirable à soi.

Nourrir son ego n’a rien de péjoratif. Au contraire, cela peut même nous rendre d’autant plus désirable tant que la vantardise ne prend pas le dessus.

Paradoxalement, dans l’adultère ce qui est le plus sévèrement puni par le groupe social reste l’acte sexuel en dehors du couple officiel. Pourtant, cette action est très brève. Combien de temps passons nous, cher.e.s usager.e.s de site de rencontre, à regarder un profil, échanger quelques mots, quelques verres, quelques rencontres, quelques regards avant même les premières caresses, quand elles ont lieux avant même tout acte sexuel ?

Qui dit acte sexuel dit excitation, rapport, orgasme, décharge hormonale, plaisir puis une phase de repos pour un retour à l’état de base (description du réflexe reproductif, William Masters & Virginia Johnson, 60’s). Mais avant cette phase d’excitation à proprement parler, qu’y a-t-il ? Comment naît et comment faire montrer le désir ? Se préparer avant une rencontre est un acte qui est tout sauf anodin. Le désir s’entretient, s’active, se cultive.

« On veut plaire… on veut des rendez-vous… »

Chaleureusement vôtre,

Edel

 

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