Mélusine, membre Gleeden, nous raconte sa toute première aventure, avec poésie et sensibilité…

Non, je ne veux pas me marier. J’en ai fait l’expérience, qui a été heureuse et qui s’est terminé il y a maintenant un certain temps par la plus grande des banalités ici-bas – la mort.

Donc, pas question de faire semblant de recommencer à zéro, de vouloir trouver un remplaçant à ce qui ne se remplace pas. On n’en reste pas moins une femme, on aimerait parfois se sentir désirée et sans se poser trop de questions, tant qu’on est encore vivant, autant que le corps exulte…

Un jour de grisaille et en tapotant sur mon ordinateur je tombe sur Gleeden et je me dis que voilà une réponse possible à mes besoins de tendresse.

Dans le genre novice je fais carrément pucelle du « dating » sur internet !

Mais Gleeden me rend les premiers pas faciles, grâce à ses surfaces claires, ludiques, mais compréhensibles. En un rien de temps je suis en conversation avec un monsieur dont je vois surtout les yeux noirs intenses sur la photo. Il a un « je ne sais quoi » et il est en  ! Clairement, il s’y connait dans les chats de ce genre et je perds mon appréhension. Nous parlons de tout et de rien, nous ne vivons pas loin l’un de l’autre, on a quelques expériences, quelques voyages en commun.

Mais vite, bien plus vite que dans une conversation de fortune, nous abordons tout de même des points un peu plus osés… et surprise, nous le faisons comme d’un commun accord dans un code géographique-météo : de vallées en montagnes, nous parlons, entrecoupés de grand nombre de LOL et MDR, des pics que nous désirons monter, des rivières à traverser… à un moment donné je lui avoue que chez moi c’est aussi mouillé que la Belgique alors qu’il me répond que chez lui c’est carrément le plein soleil du grand Sud…

Nous passons un moment que je trouve délicieux et qui me donne envie et courage pour la prochaine étape : le rendez-vous.

Là encore, il montre une certaine routine qui laisse entrevoir qu’il en a déjà fait l’expérience. C’est un petit hôtel de bord de route, ni délabré, ni Logis de France, juste pragmatique avec parking devant les portes des chambres. Il m’attend déjà. Un monsieur d’un certain âge, très mince, avec moins de cheveux que je n’aurais pensé et plus de rides… Je ne me sens pas trop sure de moi non plus,  avec mes kilos de trop des fêtes de Noel et peut être j’aurais dû aller chez le coiffeur quand même… puis il sourit en coin et je vois de nouveau ces yeux noirs, qui étincellent. On amorce une chaste bise sur les joues, tout de même un peu guindés, mais on se retrouve avec les lèvres qui s’effleurent, curieuses et que je me surprends de trouver douces, bonnes, délicates… on s’assoit sur le lit, car il n’y a pas d’autre endroit, ce qui facilite le choix.

Nous ne nous sommes pas lâchés les mains, il tient les miennes comme deux choses précieuses, fragiles, d’une grande délicatesse.

C’est un homme tout simple, avec une histoire comme tant d’autres, une épouse qu’il ne déteste pas mais qu’il connaît trop bien…

Il a vécu une vie sans grandes surprises, avec quelques joies mais plus d’échecs que de réussites… et il est là, simplement là, non pas en conquérant, ni en troubadour, mais vrai, avec ses rêves déchus, et toujours ce désir, ce grand désir, de se sentir encore une fois désiré. Quand il me lâche les mains, c’est pour ouvrir sa sacoche de voyage et y extraire une bouteille de champagne – et deux verres véritables, en cristal et à pied, qu’il a soigneusement enveloppés de sopalin. Je sens une grande tendresse m’envahir, un sentiment de m’unir en ce moment à tous les êtres de ce monde qui rêvent d’amour. Nous trinquons et nous nous sourions.

Puis je me déshabille, tout simplement, et on s’offre mutuellement la chaleur et l’ivresse de se sentir vivre.