Lola VS nous livre aujourd’hui une analyse teintée d’humour second degré et de justesse du roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary, qui met en scène Emma, une jeune femme rêveuse et infidèle. Comment lutter contre le « Bovarysme » et rester une femme épanouie, indépendante et à l’écoute de ses désirs ?
Halte au Bovarysme !
L’année 1857 fut riche en scandales littéraires. Avant les sulfureuses Fleurs du mal, un roman réaliste horripile le procureur Ernest Pinard. Oser une description déceptive du couple bourgeois et une autopsie crue et « immorale » de l’adultère? Madame Bovary bien sûr ! Le connaître sur le bout des doigts, c’est éviter bien des écueils dans son couple officiel… et officieux.
Étape 1 Rater son mariage avec « Charbovari »
Dès l’incipit, Flaubert dresse le portrait péjoratif d’un gars de la campagne à l’affreuse casquette, trop zélé, et incapable d’articuler son nom. Guère flamboyant. Il se révélera bien évidemment un mari gnangnan.
Premier conseil, donc, à qui recherche l’âme soeur : enquêtez du côté des camarades de promo. Au moyen de sites comme Copains d’avant ou Facebook, il est désormais aisé de s’apercevoir que l’objet de votre convoitise avait, comme Charles, le type du looser, trop poli, mal fagoté, risée de la classe: sans imagination.
Si vous découvrez que votre »élu(e) » n’est inscrit sur aucun de ces réseaux sociaux: foncez ! C’est souvent le signe d’un ego consolidé.
Étape 2 Un amant pour se consoler du mari
Je ne peux résister au plaisir de vous laisser savourer cet extrait.
« D’abord, ce fut comme un étourdissement ; elle voyait les arbres, les chemins, les fossés, Rodolphe, et elle sentait encore l’étreinte de ses bras, tandis que le feuillage frémissait et que les joncs sifflaient. […] Elle se répétait : « J’ai un amant ! un amant ! » se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire ; une immensité bleuâtre l’entourait, les sommets du sentiment étincelaient sous sa pensée, et l’existence ordinaire n’apparaissait qu’au loin, tout en bas, dans l’ombre, entre les intervalles de ces hauteurs. […] Elle le savourait sans remords, sans inquiétude, sans trouble. »
Etape 3 Désenchanté(e) ?
Ne sachant guère repérer le mari qui répondra à ses rêves de Grand Amour, Emma se révélera aussi peu douée dans le choix de l’amant idéal. Il faut dire que la pauvre souffre d’un mal qui portera son nom: élevée au couvent, elle a trop lu de romans (ô plaisir interdit et moqué !) et a été contaminée par des clichés mièvres sur le prince charmant, dignes de nos rubriques people et de la collection Harlequin.
Emma rêve ainsi d’un amant fougueux. Mais, toute pervertie par son obsession pour la passion amoureuse, elle se dégotte deux nuls qu’elle idéalise : Rodolphe puis Léon. Au libertinage et à la galanterie, ces deux-là préfèrent souvent les coups vite faits dans la calèche et les signes de vie sporadiques. Emma projette de voyages exotiques, des rendez-vous trépidants… Elle finit par réaliser la médiocrité de ce qu’elle vit. De plus, les ingrats la laissent sans le sou (elle s’est tout de même endettée en fanfreluches pour eux !).
Comment ne pas finir comme Emma ?
Ses mésaventures nous alertent sur nos attentes, culturelles comme sociales. Elles signent avec fracas l’acte de naissance d’un mouvement littéraire, le Réalisme, qui explore le réel sous ses facettes les plus triviales et prosaïques.
Première option : vous restez donc terre à terre et désacralisez la relation officieuse – une simple friandise. Arrêtez la cristallisation.
Deuxième option : votre coeur bat pour les histoires fleur bleue et, alors, vous devez impérativement apprendre à repérer l’âme généreuse et romanesque. A la clé : un riche imaginaire apte à satisfaire le vôtre. Je vous recommande les grands lecteurs et les cinéphiles avertis.
A vous la Carte du Tendre !
Ecrit par LOLA VS
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