La Libre.be 10 février 2013

S’il faut en croire un site dont c’est le fonds de commerce, le phénomène ne cesserait de croître. Mais entre croire et croître… Toujours est-il que le comportement, vieux comme le temps, existe.

AU MOMENT OÙ LES PETITS CŒURS en chocolat – ou pas – garnissent les vitrines en hommage à la grande fête commerciale que l’on sait, pourquoi ne pas évoquer le thème de l’infidélité ? Bien sûr que l’on n’a pas attendu l’arrivée du fameux site de rencontres extraconjugales Gleeden pour savoir que l’infidélité existe. Mais sans l’avoir créée, c’est tout de même à se demander si, à coups de campagnes de pubs osées sur la voix publique et de communiqués tous azimuts, il ne s’est pas donné pour mission de pousser à la consommation extraconjugale. Ou en tout cas à faire passer ce comportement vieux comme le temps pour presque sympathique, finalement très banal, voire carrément trendy.

Car s’il faut en croire les multiples sondages – ne parlons pas d’enquêtes – prétendument réalisés auprès de leurs membres, le phénomène serait très largement répandu. Voici, pour exemples, quelques chiffres résumant l’infidélité en Belgique selon Gleeden.com qui comptait au moment de cette diffusion quelque 96 000 inscrits. D’après cette source, donc, notre petit Royaume serait le troisième pays le plus infidèle après la France et l’Italie; les 30-50 ans sont la tranche d’âge la plus représentée; la répartition hommes/femmes étant de 60 %/40 %; 91 % des inscrits sont des personnes mariées ou en couples et 9 % célibataires, souvent séparé(e)s ou divorcé(e)s; 34 % des échanges entretenus sur le site aboutissent à une rencontre dans les dix jours suivant l’inscription. Enfin, on s’en voudrait de ne pas citer « le » chiffre qui doit faire vivre le site : 68 % des inscrits considèrent que l’infidélité est le secret de la longévité du couple ! Sans autre commentaire

Parmi les nombreux sondages menés – pour se rappeler à notre bon souvenir – par celui qui se présente comme « un agitateur de conscience sur le marché de la rencontre », un portrait type de l’infidèle belge. Car si, si,  » bien qu’ils soient (NdlR : sur le sujet) moins bavards que les « Latins », les Belges croquent eux aussi dans la pomme de manière décomplexée et confidentielle depuis trois ans , d’après Anne-Sophie Duthion, en charge des relations presse du site. Et c’est en particulier à Bruxelles, Charleroi, Anvers et Liège qu’ils passent à l’action . » L’âge moyen du Wallon infidèle serait de 37 ans et cinq mois (c’est précis). « Passées les joies du mariage et de la naissance des premiers enfants vers 30 ans, routine et désillusion s’installent et c’est aux alentours de 38 ans en moyenne que les Belges connaissent leur pic d’infidélité, soit une année plus tard que leurs voisins français, tordant le cou à leur réputation de grands romantiques « , analyse encore la porte-parole, selon laquelle le phénomène de l’infidélité va croissant.

Plutôt discrets, les infidèles belges seraient en revanche relativement aventuriers, d’après le site qui observe une augmentation du nombre de couples dont l’équilibre est fondé sur « une infidélité assumée des deux côtés ». « De l’alibi sur mesure à la chambre d’hôtel disponible à l’heure et en journée, ce marché de niche se banalise, jouant la carte de l’adultère décomplexé « , à en croire Anne-Sophie Duthion, selon qui, d’après une enquête IPSOS réalisée auprès de 1 500 personnes, près de 40 % des Européens ont été ou pourraient être infidèles.  » P our autant , poursuit-elle, sentiment amoureux et infidélité sont désormais dissociés pour nombre d’entre eux puisqu’ils sont 53 % à considérer que l’on peut aimer tout en étant infidèle . »

Quant à savoir qui de ces dames ou de ces messieurs donnent le premier coup de canif dans le contrat, ce sont eux dans 67 % des cas, même si les working girls semblent à présent aussi être passées  » maîtresses dans l’art « , jonglant avec une certaine habilité entre routine du foyer, pression du boulot et frissons d’une vie extraconjugale, selon les termes du « site pour épicuriens mariés ».

Laurence Dardenne

Cliquez ici pour voir l’article en ligne