Publié le 26/10/2013 dans le Figaro.fr

Après avoir dragué les Parisiens, le site de rencontres extra-conjugales recrute des membres en province. Et affiche une santé insolente, quatre ans après son lancement controversé.

Depuis sa création en 2008, Gleeden n’a cessé de grandir, au grand dam de ses détracteurs. Le site, qui permet de nouer des liaisons extra-conjugales, a essuyé la vindicte de nombreux détracteurs, choqués de cette libéralisation de la tromperie. Quelques mois plus tard, les immenses affiches placardées dans le métro parisien narguaient les critiques et contribuaient à populariser le vilain petit canard des sites de rencontres.

Quatre ans après son lancement, force est de contaster que l’infidélité fait recette, en France comme ailleurs. Sans vouloir communiquer plus précisément sur son chiffre d’affaires, le co-fondateur Teddy Truchot avance toutefois un montant «d’une dizaine de millions». Autoproclamé leader sur le marché des rencontres extra-conjugales, le site allie un design sobre et chic et un contenu éditorial enrichi par des sociologues ou des médecins. Et ça marche: Gleeden affiche plus de 800.000 membres dans l’Hexagone et a dépassé les 1,825 million d’inscrits à travers le monde.

L’histoire ressemble à une success-story à la française. Ou presque. Si ses co-fondateurs, les frères Truchot, sont bien Français, Gleeden et sa vingtaine de salariés sont basés aux États-Unis. Teddy Truchot explique que le choix a procédé à la fois d’une «volonté personnelle de travailler et vivre aux Etats-Unis» et d’une précaution entrepreneuriale. «Si demain, nous décidons de lever de l’argent ou de vendre la société, ce sera plus simple avec une société américaine qu’avec une société française.»

Entièrement financé sur fonds propres et par les achats de «crédits» – nécessaires pour entrer en contact avec d’autres membres, Gleeden se passe aussi bien du soutien d’un fonds d’investissement que de revenus publicitaires. Une indépendance financière qui doit être compensée par une forte notoriété pour s’assurer des revenus. C’est pourquoi le site mise gros sur son marketing.

Vers les 2 millions de membres

La première campagne de publicité parisienne, en 2011, se joue avec humour des clichés sur l’infidélité: «Par principe, nous ne proposons pas de carte de fidélité», proclame l’affiche. D’autres ont suivi, avant qu’en novembre 2012 une campagne «corporate» soit mise au point. «Après avoir marqué les esprits, il fallait installer la marque», analyse Teddy Truchot. Et pour asseoir définitivement sa renommée, le site a lancé l’été dernier sa première campagne d’affichage en province, dans les huit villes dans lesquelles il comptait le plus de membres. «Nous analysons les résultats pour déterminer si ça vaut la peine de renouveler l’opération. Mais ça a déjà très bien fonctionné à Marseille et Bordeaux où nous avons engrangé de nouveaux membres.»

Et Gleeden ne compte pas s’arrêter là. Teddy Truchot rêve de dépasser la barre symbolique des 2 millions de membres avant la fin de l’année. Mais son principal objectif est de «continuer à être leader», tout en admettant «ne pas avoir de réelle concurrence en France». Du moins pour l’instant. «Comme ça marche bien, certains vont sûrement vouloir se positionner sur le même créneau», sourit l’entrepreneur français. Avec l’apparition d’une concurrence sérieuse, Gleeden devra faire confiance à ses membres et miser sur… leur fidélité.

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